Assurance vie : pourquoi près de 10
% des unités de compte pourraient disparaître
Afin de protéger les détenteurs de contrat d’assurance-vie, l’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution va serrer la vis. Résultat : près d’une
unité de compte sur dix pourrait rapidement disparaître.
L’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution, ou ACPR, qui joue le rôle de gendarme du
secteur de la banque et de l’assurance bancaire, se penche sur les unités de compte (UC), ces supports non garantis de
l’assurance vie. Dans la ligne de mire de l’ACPR ? Les unités de compte dont le
couple frais/performance n’est pas satisfaisant.
L’ACPR en lutte contre certaines unités de compte
En juin,
l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution avait annoncé la couleur : à
compter de la fin d’année 2023, les unités de compte proposées dans le cadre de
contrats d’assurance vie vont devoir afficher un rapport frais/performance
suffisamment protecteur des intérêts des clients concernés. Autrement dit, les
frais facturés à l’épargnant ne devront pas être disproportionnés par rapport
au rendement du support.
Pour rappel,
l’assurance vie comporte deux grandes catégories de supports : les fonds euros,
sécurisés, et les unités de compte, dont le capital n’est pas garanti, et dont
la valeur peut donc évoluer à la hausse comme à la baisse. Ce que l’ACPR entend
mieux encadrer, ce sont uniquement les unités de compte, ce qui représente tout
de même près de 40 % des versements effectués sur les sept premiers mois de
l’année 2023 selon France Assureurs, autant qu’en 2022.
Près de 10 % des unités de compte pourraient
disparaître
Grâce à
l’analyse du couple frais et performance de chaque unité de compte, l’Autorité
de contrôle prudentiel et de résolution va pouvoir identifier les supports en
UC proposés par les assureurs qui affichent des rendements trop faibles en
comparaison avec les frais prélevés. L’ACPR ajoute que « l’éventuel
maintien d’une unité de compte dans l’offre commerciale en dépit d’un couple
frais/performance à 5 ans dégradé restera, en occurrence, limité et,
qualitativement, justifié ».
Les supports
trop coûteux par rapport aux performances servies vont donc disparaître en
grande partie du paysage de l’assurance vie. Une bonne nouvelle pour les
assurés, d’autant plus que les UC ont le vent en poupe. Selon les propos
d’Agnès Lossi, associée du cabinet de conseil Indefi, rapportés par Les Echos,
« le déréférencement va toucher environ 10 % des unités de compte
distribuées sur le marché français ».
Des assureurs pris entre les tenailles de l’ACPR
L’objectif de
l’ACPR est clair : contraindre les compagnies d’assurance et les banques qui
proposent des contrats d’assurance vie à leurs clients à revoir leur offre pour
protéger les épargnants. Les acteurs proposant des unités de compte qui ne
respectent pas les critères définis par le gendarme du secteur auront donc deux
choix : baisser leurs frais, ou supprimer purement et simplement le support
défaillant de leur catalogue.
Selon Agnès
Lossi, les unités de compte les plus touchées seront, en premier lieu, celles
qui affichent les plus faibles encours. Pour elles, la solution privilégiée par
les distributeurs de contrats d’assurance vie sera avant tout leur suppression.
Pour les unités de compte plus conséquentes, les assurances et les banques
pourront, au choix, baisser les frais ou les supprimer de leur offre. Dans tous
les cas, cela engendrera mécaniquement une baisse de revenus pour les
gestionnaires : « À terme, l’opération amputera de 8 % à 10 % les revenus
annuels récurrents issus des fonds, que nous estimons entre 6 et 7 milliards
d’euros », explique Agnès Lossi.
© Moneyvox 15-09-2023